Wednesday, August 09, 2006

Ca avait payé. Enfin. Il n’en revenait pas. Tout ce temps, il avait cru se tromper, il avait cru devenir fou, totalement paranoïaque. Mais il avait continué à observer avec détermination.

Stephen avait toujours soupçonné un lien entre le professeur Acorte et le jeune Siegfried Mund. De plus, il était convaincu que Acorte était encore en vie. Cela avait commencé quand il avait cru surprendre Acorte en train d’observer Mund depuis la mezzanine que formait le bureau du nouveau directeur au dessus des autres bureaux. Il avait pu se tromper, il était loin. Acorte était mort il y avait de cela des années. Il ne pouvait pas se trouver là.

Il avait alors observé Mund sans relâche, mais où bien ce dernier était le meilleur acteur qu’il ait connu, ou bien il ne se savait lui-même aucun lien avec Acorte. Il pensait alors s’être mépris sur ce lien qu’il croyait réel.

Puis il se souvint ce jour sept ans plus tôt où il avait pénétré dans le bureau de Acorte sans frapper, il avait vu ce dernier qui visionnait la fiche B.I.G. de Siegfried Mund. Un inconnu à l’époque. B.I.G. (Banque d’Identification Globale) était un système qui fichait chaque être humain identifié qui peuplait encore la planète. Ce système avait été mis en place par l’ APEH bien avant que Siegfried n’ait eu 10 ans, et le gros malin qui l’avait inventé avait dû trouver comique sa référence à « Big Brother ». Sûrement un de ces frustrés d’informaticiens à lunette qui se tripotent sur de vieux bouquins de science fiction.

Ce jour, Stephen avait été intimement persuadé qu’il existait un lien qu’il ne comprenait pas entre ce Mund et Acorte. Quand il avait vu Siegfried Mund en chair et en os pour la première fois se présenter à La Gamète il y a un an pour obtenir un emploi, tout ceci lui était revenu en mémoire. Il s’était rappellé de ce lien qu’il soupçonnait. Et ce lien lui permettrait à coup sûr de résoudre son affaire. Il avait donc renforcé la qualité de sa couverture et il avait décidé d’attendre. D’attendre encore. De pouvoir comprendre ce qui reliait ces deux personnes, d’apparence si différentes.

Il avait demandé à un ami flic de lui fournir les fiches B.I.G. des deux personnes. Bien évidemment, la fiche de Acorte était inaccessible. B.I.G. avait prétendu que les données avaient été perdues suite à une panne. B.I.G. en panne. Ce fichu ordinateur en avait de bonnes. Mais la fiche de Mund avait été plus instructive. Après l’avoir épluchée en long en large et en travers, elle ne lui avait pas appris grand-chose sur ce rêveur paumé de Mund. A croire que ce type s’était toujours battu pour ne pas devenir quelqu’un de remarquable.

Mais un point attira son attention. Le nom du père de Siegfried n’était pas mentionné. Siegfried portait le nom de sa mère. Encore un coup de cette foutue machine, ou plutôt de ses commanditaires. D’abord la fiche de Acorte, puis ce nom. Il ne mit pas longtemps à comprendre que Acorte était sûrement le père de ce ringard de Mund. On ne fait pas disparaître de B.I.G. n’importe quel nom. Et si ce n’était pas Acorte, çà devait être quelqu’un de tout aussi influent. Ce petit était décidemment pleins de surprises.

C’était il y a quatre ans déjà. Il n’avait jamais perdu de vue ses objectifs. Il avait été embauché à la mort de Acorte par un conglomérat asiatique plutôt louche qui ne croyait pas à cette mascarade. Il ne connaissait même pas le nom d’un seul de ses employeurs. Il devait retrouver Acorte si il existait, et expliquer à ses employeurs pourquoi ce dernier avait maquillé sa mort. La raison devait être d’une importance capitale, vu la somme rondelette qu’il touchait chaque jour depuis sept ans. Et il ne devait pas être le seul à faire cette enquête, il ne se faisait aucune illusion là-dessus. Il se demandait parfois combien de centaines ou de milliers d’autres inspecteurs minables remuaient la même fange que lui, se posaient les mêmes questions que lui, pour le compte des mêmes personnes.

Chaque jour il allait travailler à La Gamète comme les autres employés. Mais il observait patiemment, chaque jour, du matin au soir. Il savait que quelque chose arriverait. Et il savait que Mund aurait un rôle à jouer là-dedans.

Et c’était finalement arrivé.

Alors qu’il était en planque dans un bar en train d’observer Mund de loin, Acorte le foutu défunt avait franchi le pas de la porte et était parti directement causer avec le môme. Il n’en revenait pas. Tout ce temps il avait vu juste. Alors que tout ce temps il pensait être complètement à côté de la plaque. Acorte avait poireauté sept putains de longues années pour se pointer ce soir là dans ce bar là. Voilà qui allait lui rapporter une coquette somme d’argent.

Mais avant il devait continuer de coller au cul de Mund comme une mouche à la merde pour savoir de quoi ces deux-là avaient bien pu causer. Si il avait pu anticiper, il aurait collé un micro discret sur Mund, mais cette apparition fût tellement subite et inattendue, après tant de temps, qu’il s’était totalement laissé surprendre. Et Mund aussi, au vu de se tête de déterré.

4 Comments:

Blogger TheAbyss said...

bien joué drama la création d'un oeil extérieur à toute cette histoire, il faudrait que cet enqueteur soit celui qui a les deux visions globales du monde,qu'il comprenne la quete de siegfried mais aussi le desespoir de l'humanité et les machinations du professeur acorte...il faudrait en faire un journaliste objectif qui juge les différentes péripéties, ou un truc dans le genre, en tout cas j'aime beaucoup la suite que tu viens d'inventer, ça colle vachement bien à la direction que jeanfou a instauré et que j'ai essayé de suivre. je pense que pour bien faire ça il faudrait discuter des grandes lignes et s'occuper chacun d'une histoire dans l'histoire, ou en tout cas répartir les taches paske la ça fait pas mal de chosesen parallèle déjà...félicitations en tout cas et merci d'avoir entretenu la vie de l'histoire si efficacement. a plutch

11:34 AM  
Blogger Jeanfou said...

Je ne peux que plussoyer.
C'est du tout bon ce que tu nous à concocté là, j'aime bien le ton polar noir américain.
Ca pourrait en effet être pas mal de se faire une petite" réunion " pour discuter des grandes lignes directrices...
Chapeau bas en tout cas.

3:02 AM  
Blogger Sophie said...

Chapeau encore plus bas!
;)

9:03 AM  
Blogger Vincent said...

merci les gens !

10:04 AM  

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