C’est sur ce constat cinglant qu’il arrivait sur son lieu de travail, la Gamete. Il était le docile employé de la plus grande société qui fut… et qui sera vu la situation délicate dans laquelle est l’espèce humaine. Les membres du directoire de cette société internationale n’étaient qu’autres que les présidents des états de l’APEH comprenez l’Alliance pour la Pérennité de l’Espece Humaine.
Ses vêtements défraîchis par cette nuit d’errance, son haleine épaisse et ses cheveux poisseux ne lui valurent même pas de regards désapprobateurs, les regards glissent et ne s’arrêtent pas. La vie n’est décidément plus la même depuis les « Evènements » ont eu lieu. Les « Evenements », quelle expression, quel doux euphémisme.
C’était il y aura bientôt sept ans, en 2015, Siegfried venait d’atteindre la majorité. La grande pantalonnade des accords de désarmements allait bon train sur la scène de la diplomatie internationale, les états signaient d’innombrables traités qui les engageaient à ne pas utiliser d’armes nucléaires ou bactériologiques, vulgaire feuillets ne servant qu’à distraire les masses. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la puissance de mort d’un pays lui donnait un droit de cité aux tables sur lesquelles on jouait le destin du monde, les puissances militaires disposaient d’arguments particulièrement efficaces dans les négociations multilatérales. C’est pourquoi tous les états menaient à leur échelle des recherches pour développer l’arme ou le système de défense qui rendrait leurs propositions irrefusables.
Les recherches étaient évidemment menées par de très petites équipes de scientifique et dans le plus grand secret. Ces quelques élus bénéficiaient de budget phénoménaux pour que des soucis bassement matériels ne viennent pas entraver leur progression. Les connaissances dont disposaient ces scientifiques les rendaient extrêmement puissant, il eut été extrêmement préjudiciable que ces savants livrent leur secret à d’autres nations évidemment avides d’informations. Il était cependant impossible de leur clouer le bec comme on le faisait habituellement…Le suicide assisté, l’accident fâcheux permettait certes d’empêcher un homme de divulguer des secrets mais il avait l’énorme inconvénient de faire disparaître par la même occasion les secrets que les scientifiques gardaient précieusement, qu’ils protégeaient comme leur vie… et pour cause.
Le Dr Acorte était un membre de cette aristocratie scientifique, comme ces confrères il était connu pour conserver jalousement les secrets qui le rendaient irremplaçable. Il travaillait en France sur le ciblage génétique. Il s’évertuait à créer des maladies mortelles capables d’occire uniquement les personnes ayant un génome particulier. Les perspectives étaient gigantesques on pourrait tuer un homme à grande distance grâce à un peigne qu’il aurait utilisé, une pomme dans laquelle il aurait croqué…C’est selon ce programme de recherche que l’on créa le virus ironiquement basé « End’s Eve ». Il s’agissait de la souche de la peste bubonique modifiée pour ne toucher que les femmes. Ce choix n’était pas du tout dicté par une forme de misogynie portée à son paroxysme mais par la facilité avec lequel on pouvait isoler le gène qui déterminait le sexe féminin. On inocula « End’s Eve » sur un couple de singe pour confirmer l’efficacité du virus.
La base dans laquelle avait lieu l’expérience était évidemment parfaitement gardée, les lapins des environs avaient déjà tous été décimés par les mitraillettes à visée automatique, les systèmes de défense du no man’s land environnant semblaient même avoir fait disparaître la flore et les insecte…et pourtant, malgré toutes les sécurité qui avaient été prises, les singes disparurent, littéralement volatilisés en une nuit. La cage était intact, aucune trace d’effraction. Les nombreuses vidéos de sécurité laissaient les observateurs perplexes, aucune présence ne pouvait être décelée, les deux primates disparaissaient juste soudainement.
Malgré l’aspect surnaturel de la disparition on lança des recherches dans toutes les environs, on préféra ne pas faire plus de vague et taire l’affaire. « End’s Eve » pouvait dans le pire des cas faire disparaître la race des singe. On allait quand même pas perdre la face sur la scène internationale pour quelques macaques
Le Dr Acorte fut retrouvé mort le lendemain matin, il s’était tiré une balle dans la tête alors qu’il consultait les informations internationales sur l’hypernet. Les dépêches du monde entier signalait la mort massive de femme par ce qui ressemblait étrangement à une peste bubonique, mais une peste bubonique foudroyante qui tuait ses victimes en quelques heures d’une agonie effroyable… New Dehli, Rio, New York, Sidney, Paris aucune ville, aucun pays n’était épargné…
On tenta rapidement d’isoler les femmes atteintes mais il était déjà trop tard. Les hommes, les mâles de l’espèces humaines étaient fou de douleurs les suicides se multipliaient, les scènes de désespoir et de souffrance, les charniers constitué des mortes que l’on ne pouvait plus enterrer transformait donnait un avant goût d’enfer aux survivants. La fin paraissaient imminente. C’est alors qu’un flash d’information apporta de la flamme vacillante d’une chandelle au milieu de cette nuit d’un noir sans précédent. On avait trouvé en Afrique une femme qui avait survécu. On l’appela Lucy en hommage à l’australopithèque afarensis.
Les états occidentaux la réquisitionnèrent rapidement et après s’être convenablement déchirés pour « acquérir » cette ressource inestimable. L’instinct de survie de l’espèce leur permis néanmoins de trouver un accord qui allait au-delà de leur volonté de suprématie. Ils créèrent l’APEH et y investirent tous leurs efforts de recherche. C’est ainsi que la Gamète fut engendrée. Siegfried faisait parti des quelques uns qui connaissaient cette histoire mais il ne savait pas ce qu’il advenait de Lucy, on informait le peuple que les progrès allaient bon train et que l’on serait bientôt prêt à générer une cohorte de femme avec un génome résistant à « End’s Eve »…